Editorial

Tous pour le mariage

Demandons davantage de réflexion et d’imagination à nos élus

La proposition de loi sur le mariage et l’adoption, au nom de l’égalité, propose de changer radicalement l’institution du mariage, en autorisant le mariage entre personnes de même sexe.

L’institution du mariage dans sa forme actuelle marque l’égalité de l’homme et de la femme après des décennies (voire des millénaires) d’injustice. L’indifférenciation et l’interchangeabilité des sexes dans la proposition de loi crée de nouvelles injustices : envers les femmes et les hommes car la maternité et la paternité ne sont pas la même chose ; envers les enfants car la privation du père ou de la mère est toujours un traumatisme, et l’absence de filiation une souffrance.

La société peut reconnaître l’engagement entre personnes de même sexe, et sécuriser la position des enfants vivant au sein de ces couples, sans remettre en cause la complémentarité de l’homme et de la femme dans l’espèce humaine. Et sans oublier les enfants vivant au sein de familles recomposées, qui sont complètement absents de la proposition actuelle.

La proposition actuelle méconnaît le droit des enfants à vivre avec un père et une mère, au profit du droit des adultes à avoir un enfant. La généralisation de l’adoption dans les conditions prévues, ainsi que le recours à la procréation médicalement assistée (PMA) pour fabriquer des enfants officiellement sans père, sont une injustice pour les enfants : tout homme nait d’un père et d’une mère.

Peut-être cette loi est-elle l’occasion de reconnaître que nous sommes allés trop loin en matière de procréation médicalement assistée ; peut-être est-ce aussi l’occasion de reconnaître que les règles pour l’adoption ne sont plus adaptées à la situation actuelle en France, où très peu d’enfants sont proposés à l’adoption.

Peut-être est-ce l’occasion de nous rappeler que la fécondité d’un couple ou d’une personne ne réside pas uniquement dans ses enfants. Nous participons à la création par notre vie sociale, associative, professionnelle, familiale. Nous contribuons à la vie de tous ceux que nous choisissons d’accueillir, et pas seulement de nos enfants.

La proposition actuelle constitue aussi un recul terrible pour le droit des femmes. La question de la gestation pour autrui (GPA), qui se posera toujours au nom de l’égalité et du droit à l’enfant, représente un risque inadmissible d’exploitation des femmes.

Pour toutes ces raisons, nous devons demander davantage d’imagination à nos élus, et la rédaction d’un projet qui ne fasse pas l’économie de la réflexion et de l’arbitrage entre les droits des adultes et les droits des enfants.

De nombreuses possibilités d’action s’offrent à nous. Consultez régulièrement la page « Nous pouvons agir !« . Vous pouvez aussi consulter le site du collectif de la « manif pour tous » : www.lamanifpourtous.fr

Isabelle Dabas  (isabelle.dabas+ce[AT]m4x.org)